Pharmacopée

Dans son fondement, la pharmacopée chinoise s’affirme comme une adaptation au domaine de la médecine, des principes cosmologiques énoncés dans les textes classiques (Jīng 精).

Les substances médicinales y sont classées suivant deux catégories, la nature et la saveur, qui renvoient en fait à deux aspects de la respiration Yin 陰 Yang 陽. 

La nature, concerne la part de la substance qui se rapporte à son action plus ou moins rafraîchissante (yin 陰) ou réchauffante (yang 陽) pour l’organisme.

Au nombre de 5, les saveurs sont quant à elles employées pour leurs actions “directionnelles” ou “saisonnières” au sein de la physiologie, selon qu’elles soient envisagées suivant une perspective spatiale ou temporelle.  

A titre d’exemple, la saveur piquante employée pour ses effets dispersants, résonne avec le printemps, le moment de l’année ou la nature émet son déploiement, tout en correspondant sur le plan spatial à la direction de l’est d'où la lumière jaillit et renaît avec le lever du soleil. 

La saveur acide employée pour sa qualité astringente résonne avec le mouvement de concentration et de réunion amorcé par l’automne, ou lorsque la nature se replie sur elle-même. 

Sur le plan spatial, cela réfère à la direction de l’ouest, lieu ou la lumière se recueille avec le couché du soleil. 

Ces différentes directions de l’espace au même titre que ces mouvements saisonniers, renvoient en définitive aux quatre phases charnières de l’expansion et de la contraction circulaire du yin et du yang, auxquelles chaque dimension de la réalité manifestée participe selon le mode qui lui est propre. 

En prenant en compte ces deux aspects de la substance médicinale, que sont la nature et la saveur, on peut en synthétiser l’expression en disant d’elles qu’elles sont soit descendantes (Jiàng降) soit ascendantes (升 shēng). 

Ou autrement dit, que leur consommation aura pour incidence d’induire des effets  d’expansion centrifuge, liés à la chaleur et à l’activité fonctionnelle (yang 陽), ou inversement, de contraction centripète, liés au froid et à la passivité corporelle (yin 陰).

Pour donner un exemple concret, une formule comme Xiao Qing Long Tang, composée majoritairement d’herbes chaudes, tièdes et piquantes, pourra être employée pour traiter les signes et symptômes relatifs à une des déficiences possible de l’aspect printemps-été ou des directions est-sud dans la physiologie du sujet atteint. Cette déficience dans ce cadre précis, peut laisser apparaître des troubles aussi variés que de l’asthme, de la bronchite aiguë ou chronique, une conjonctivite virale etc..

Cette appréhension synthétique, doit au final nous permettre de comprendre la logique sous-jacente qui préside à la constitution des différentes formules classiques de la pharmacopée chinoise. Elle restitue également au passage, la portée cosmique de cette science, ou les herbes ne sont pas seulement regardées pour les symptômes qu’elles traitent, mais surtout pour la place et la fonction qu’elles occupent au sein de l’équilibre naturel.